Alors c'est vrai. Je suis propriétaire, enfin. Rocker était l'étalon de mes rêves, le barbe noir vaillant, dynamique et élégant. Il était celui qui allait m'ouvrir les portes vers un élevage. J'étais préparée, et prête. On m'avait dit que le beau cheval barbe excellait en dressage, ça ne m'étonnait pas. Aussi décidai-je de commencer sur cette discipline, afin d'évaluer ses compétences actuelles. Lors du premier essai, j'avais sous ma selle un cheval raide pour un cheval de dressage, mais il avait tout de même ce confort, cette légèreté dans ses allures aériennes qui m'ont tout de suite charmé. Pour qu'il ait un dos musclé et un confort amélioré, je décidai pour aujourd'hui de le travailler tête baissée, « mis en place ».
J'arrive aux écuries, j'avais pris l'attention de mettre Rocker dans un box devant lequel il n'y a pas trop de passages de cavaliers et, par la même occasion, de juments. Je me suis doucement approché de son box, je lui ai présenté ma main, qu'il prit le temps de sentir, non sans calme. Je sentais qu'il avait envie de sortir, qu'il s'impatientait un petit peu plus à chaque minute. Je décidai de ne pas trop perdre de temps au pansage, moi qui étais plutôt maniaque, à vouloir enlever la moindre poussière de la robe des chevaux, là je passai le bouchon, la brosse douce, une époussette personnalisée : une étrille recouverte d'un morceau de vieux polaire. Je curai les sabots de Rocker, qu'il donna très bien, et je me dépêchai de faire les crins. Je m'en voulais un peu de bâcler les soins, mais mon cheval savait où je voulais en venir, et, en bon étalon travailleur, il voulait passer à l'action, plutôt que d'attendre, à ne rien faire.
Il chercha d'abord à éviter, mais il finit par céder, heureusement. Sous-gorge, muserolle, et je passe à l'équipement du dos. Tapis, amortisseur, selle. Je dégarotte, je sangle, et je sors, rênes en main. Rocker se mit à trotter en secouant la tête, et, je l'avoue, j'ai mis un petit peu de temps à le gérer. L'étalon, c'est un cheval fort, tempétueux, et c'est nouveau pour moi. Ensemble, nous avançons vers la carrière de plat, qui est la carrière la plus petite des écuries. J'ajuste mes rênes, contre l'épaule gauche de mon étalon, je fixe sa croupe, rentre mon pied gauche dans l'étrier, puis je pivote en sautillant jusqu'à ce que je me retrouve contre son flanc, le bout du pied n'ayant aucun contact avec le corps de Rocker. Il leva d'un coup sa tête, et je m'appuyai sur mon pied pour me soulever, et me mettre en selle.
Détente d'abord chaude, une fois passé au trot Rocker était bien plus calme. Au galop, il me lança une croupade, mais ensuite il était tonique, vif, mais il n'avait pas de réactions excessives, il lui arrivait de fouetter de la queue, mais rien de bien méchant. C'était vraiment un étalon parfait pour commencer la monte, il n'était pas super excité comme j'avais pu le voir sur certains sujets.
Je repassai au trot, lui demandai de se mettre en place, ce qu'il mis un peu de temps à comprendre, et me mis à tester ses compétences. Épaule en dedans, en dehors, cession à la jambe, il ne bronchait pas, gardait sa tête basse, son encolure et son dos étirés.
Je décidai de ne pas trop solliciter mon cheval et de le laisser sur cette réussite, je descendis, ramassai le crottin qu'il m'avait fait en plein trot, puis l'amenai au box pour le récompenser de plusieurs bouts de carottes. « Gratouilles » devant le garot, je rangeai mes affaires dans mon casier, puis dis un « Au revoir » à ce cheval Barbe qui était le mien.